Le 30 novembre 2024, le Musée National de Libreville a accueilli une conférence-débat consacrée à un sujet de grande importance pour le patrimoine culturel gabonais : "L'iboga, plante sacrée et médecine traditionnelle : bienfaits et controverses". Cet événement, auquel a participé le Dr Yoan MBOUSSOU, président de l'ONG Gabon Terre d'Avenir (GTA) et expert en microbiologie, a constitué une plateforme privilégiée pour examiner en profondeur les enjeux liés à la valorisation de l'iboga, ressource unique et centrale au cœur de la culture gabonaise. L'iboga, véritable trésor botanique, revêt une importance à la fois culturelle, spirituelle, et médicinale. Son usage est profondément enraciné dans les pratiques traditionnelles du Gabon, et son potentiel dans la médecine contemporaine mérite une exploration approfondie.
Le Dr MBOUSSOU, a apporté un éclairage pointu sur les bienfaits potentiels de cette plante, ainsi que sur les controverses qui entourent son utilisation. L'iboga est réputée pour ses propriétés psychotropes et médicinales, notamment dans le traitement des dépendances, un aspect qui suscite un intérêt grandissant au niveau international. La capacité de l'iboga à induire des états de conscience modifiés et à favoriser la guérison des traumatismes émotionnels et des addictions en fait un sujet de recherche de plus en plus prisé par les communautés scientifiques et médicales. En particulier, la conférence a mis en avant la commercialisation des gélules de Mayay, qui depuis 2022 bénéficient d'une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) délivrée par l'agence gabonaise du médicament en tant que complément alimentaire MTA (Médicament Traditionnel Amélioré). Cette avancée réglementaire est une étape majeure dans la reconnaissance des savoirs autochtones et ouvre des perspectives prometteuses quant à l'émergence d'une médecine gabonaise au rayonnement international. Les gélules de Mayay représentent une opportunité de valoriser les propriétés thérapeutiques de l'iboga tout en les rendant accessibles à un plus large public, dans un cadre sécurisé et contrôlé.
Cette conférence a également été l'occasion de rappeler l'engagement de l'ONG Gabon Terre d'Avenir à accompagner le gouvernement dans la régulation et la normalisation des procédures encadrant l'exploitation et la commercialisation de l'iboga, une ressource stratégique qui nécessite une gestion prudente et éthique. Cet accompagnement vise à garantir une exploitation durable et respectueuse des traditions, en s'assurant que les retombées économiques bénéficient directement aux communautés locales et participent à leur développement. Les communautés locales, gardiennes des savoirs ancestraux, sont au cœur de cette démarche, et leur implication est cruciale pour assurer une transmission des connaissances et une gestion durable de cette ressource. Gabon Terre d'Avenir s'efforce ainsi de créer un cadre de coopération entre les acteurs locaux, les autorités et les chercheurs, afin de concilier préservation des savoirs traditionnels et développement économique.
Les débats ont été enrichis par les interventions du Professeur Bourobou Bourobou et du tradipraticien Tah Mombo, deux figures emblématiques de la défense des savoirs traditionnels gabonais. Leurs contributions ont permis de souligner la portée spirituelle de l'iboga dans les rites initiatiques, tout en insistant sur l'importance de préserver les pratiques culturelles associées à cette plante. Dans les rites de passage et les cérémonies spirituelles, l'iboga est considérée comme un vecteur essentiel de connexion avec les ancêtres et de compréhension du monde spirituel. Le Professeur Bourobou Bourobou a insisté sur la nécessité de documenter ces pratiques, afin de garantir leur transmission aux générations futures, tandis que Tah Mombo a partagé des récits poignants sur l'expérience des jeunes initiés, soulignant l'impact transformateur de l'iboga sur leur compréhension de la vie et leur intégration dans la communauté. Leur discours a mis en évidence le fait que, dans la vision bantoue, la nature est bien plus qu'une simple ressource à exploiter : elle est une entité sacrée qui mérite respect et révérence. La relation intrinsèque entre l'homme et la nature, médiée par l'iboga, illustre une philosophie de vie qui valorise l'équilibre, le respect de l'environnement et l'harmonie avec les éléments naturels.
Depuis sa création, l'ONG Gabon Terre d'Avenir milite pour l'intégration équitable des communautés traditionnelles dans les projets de développement durable, en particulier dans les forêts du bassin du Congo, et pour la promotion du tourisme initiatique. Ces forêts, véritables poumons de la planète, abritent une biodiversité exceptionnelle ainsi que des savoirs traditionnels inestimables. L'objectif est de faire du Gabon une destination de choix pour les voyageurs en quête d'expériences spirituelles authentiques et profondément enracinées dans la culture bantoue. En valorisant cette relation sacrée entre l'homme et la nature, le Gabon peut également émerger comme un acteur central d'une économie verte qui conjugue respect des traditions et développement durable. Le tourisme initiatique est perçu comme un levier stratégique, non seulement pour générer des revenus pour les communautés locales, mais aussi pour sensibiliser les visiteurs internationaux à l'importance de préserver ces écosystèmes uniques. À travers les circuits touristiques proposés, les visiteurs ont l'opportunité de vivre des expériences immersives, de participer à des cérémonies traditionnelles, et d'acquérir une compréhension plus profonde de la spiritualité gabonaise et de son rapport au sacré.
Le public présent lors de cet événement a été encouragé à participer activement, contribuant ainsi à des échanges riches et variés sur les usages contemporains et traditionnels de l'iboga, ses potentialités médicinales, ainsi que les enjeux éthiques et environnementaux de sa préservation. Parmi les sujets abordés, la question de la standardisation des extraits d'iboga pour un usage médical contrôlé a suscité de nombreuses discussions. Certains intervenants ont souligné l'importance d'établir des protocoles rigoureux pour l'extraction et la formulation de l'iboga, afin de garantir sa sécurité et son efficacité dans un cadre thérapeutique moderne. D'autres ont insisté sur le besoin de respecter les dimensions culturelles et spirituelles de l'usage de l'iboga, rappelant que cette plante ne peut être réduite à une simple molécule active sans en perdre une partie de son essence.
Ces discussions ont également permis de réaffirmer la mission de GTA : protéger, promouvoir et faire évoluer ce patrimoine culturel inestimable, au bénéfice des générations présentes et futures. L'ONG a renouvelé son engagement à travailler en étroite collaboration avec les autorités gabonaises, les communautés locales et les chercheurs internationaux pour développer des stratégies de valorisation de l'iboga qui soient à la fois éthiques, durables et respectueuses des traditions. L'intégration des savoirs traditionnels dans les politiques publiques, la mise en place de programmes de formation pour les jeunes générations sur l'usage et la culture de l'iboga, ainsi que la promotion d'une recherche scientifique collaborative et inclusive sont autant d'axes prioritaires pour l'avenir.
#Iboga #MedecineTraditionnelle #Gabon #PatrimoineCulturel #TourismeInitiatique #Mayay #DeveloppementDurable #ForetsDuBassinDuCongo #Gabonterredavenir #SpiritualiteBantoue #HeritageSacré #ConférenceIboga #DrYoanMboussou #TraditionEtModernité #EconomieVerteGabon #InitiationSpirituelle #BiodiversitéGabonaise #TourismeEthique #MédecineAncestrale #ConservationCulturelle
Comments